En février 2019, juste avant un confinement total dans mon village berbère, j’ai eu la chance de visiter le Musée Bouchérouite à Marrakech. Au Maroc, le tapis Boucherouite était autrefois un tapis jamais exposé que ce soit dans les bazars des villages ou dans les maisons.
Je me demandais alors ce qu’un musée pouvait bien nous dire à propos de ces tapis berbères …

Tout d’abord, il faut être assez motivé.e pour s’y rendre. Comme je ne connais pas encore assez bien la Medina, je me suis fiée au GPS Google pour me rendre sur place. J’ai bien compris au bout d’un moment que j’étais bien perdue dans les dédales de petites rues de la medina !  Mais la bienveillance marocaine étant toujours bien présente, un petit jeune du quartier a eu la gentillesse de m’indiquer le chemin..Et surtout, j’ai eu la présence d’esprit de lever les yeux et de m’apercevoir que le musée était indiqué par des pancartes … Bravo Radia!

A mon arrivée, je me retrouve dans un Riad typiquement marrakchi ! Rien que le décor intérieur vaut le détour. Je visite les différentes chambres où sont exposés les différents tapis Boucherouites, je prends des photos, lis les indications comme la bonne élève que je suis. Jusqu’ici je suis satisfaite de ma visite mais pas encore éblouie… 

Et à l’étage où je croise un, deux, trois visiteurs dans une espèce de chambre nuptiale, un élégant Monsieur me propose alors de rester si je souhaite participer à la visite guidée…et là .. la visite prend tout son sens.

Cet homme, plus que charmant, c’est Patrick, le propriétaire du Riad et le fondateur du Musée du Tapis Bouchérouites.

Il commence par nous expliquer comment le tapis Boucherouite est arrivé dans les foyers marocains dans les années 80…Laissez-moi essayez de vous le re-transcrire ici..

Suite à la révolution du prêt-à-porter dans les années 60, il faut attendre un peu plus d’une dizaine d’années pour que cette vague arrive aussi au Maroc.

Dans les années 80, le tapis berbère est principalement fabriqué à base de laine. Cette laine de qualité est achetée en automne, tissée en hiver et vendue fièrement au printemps sous la forme de tapis. Signe de richesse et du savoir-faire culturel quelque soit la région. 

Mais certains ne peuvent se permettre de s’acheter cette laine trop onéreuse et c’est là qu’apparait le tapis Bouchérouite. Ce tapis berbère reprend le même principe de tissage que les autres tapis berbères sauf que la laine est remplacée par des vêtements usagés : idée de génie !

Sauf que le mari lui n’est pas très content, « ok chérie occupe-toi à faire des tapis si tu le souhaites mais tu devras les cacher et surtout pas les vendre » ! D’où le surnom du « tapis du pauvre » pour ce petit tapis berbère écolo mine de rien !